Verrière.
Comme figée dans la plus froide des glaces,
Celle dans laquelle elle ne pouvait voir son reflet;
Son corps n’avait vieilli, malgré son coeur sans pouls.
Le temps filait au ralenti dans ce château de disgrâce
Loin des frivolités des, jadis organisés, opulents banquets.
Pour tuer le temps, elle avait conçu une verrière avec goût,
S’enflammant de passion pour la végétation au centre d’immenses rosaces
Teintées de rouge carmin se reflétant sur les pétales des achillées,
Elle cultivait de la plus exotique des plantes à la simple gueule-de-loup.
Dans ce jardin secret protégé par une infinie cohorte macabre,
Les innombrables trésors immortels étaient défendus au prix du sang
Versé dans la terre et les pots à la lueur de candélabres.
Toutes ces gueules béantes n’avaient pour obsession que ce délice palpitant
D’aventuriers inconscients venu s’emparer d’un bijou par le sabre;
Et la Maitresse ne demandait qu’à se repaitre de ces coeurs battants.
Car entre ces vitres trônait au centre, sous la lueur des astres,
Un bien plus important encore que le camélia rouge de Middlemist;
Un coeur dont la déchéance pouvait causer au monde bien des désastres,
Et révéler la plus grande crainte de tous les pessimistes.
Comme figé dans la plus froide des glaces,
Ce coeur sans pouls, entreposé dans son cercueil de verre,
Provenant d’un corps centenaire, maudit et froid
Était devenu la plus hypnotisante, convoitée et délicate de toutes les plantes.
27/04/2024
